Quels sont les types de cyberattaques ?
1er juin 2025
Les cyberattaques se diversifient et se sophistiquent constamment, exploitant les vulnérabilités technologiques et humaines pour compromettre la sécurité des systèmes d'information.
Comprendre les différents types de cyberattaques est essentiel pour développer des stratégies de défense efficaces et sensibiliser les utilisateurs aux risques existants.
Cet article présente une typologie détaillée des principales menaces cybernétiques, leurs modes opératoires et leur impact potentiel.
Les attaques par logiciels malveillants (malwares)
Virus et vers informatiques
Les virus informatiques représentent l'une des formes les plus anciennes et connues de cyberattaques. Ces programmes malveillants s'attachent à des fichiers légitimes et se propagent lorsque ces fichiers sont exécutés ou partagés. Contrairement aux vers, les virus nécessitent une action humaine pour se propager, comme l'ouverture d'une pièce jointe infectée ou l'exécution d'un programme compromis.
Les vers informatiques, quant à eux, possèdent la capacité de se propager automatiquement à travers les réseaux sans intervention humaine. Ils exploitent les vulnérabilités des systèmes pour se déplacer d'un ordinateur à l'autre, consommant souvent des ressources réseau considérables et ralentissant les systèmes infectés.
Le ver Stuxnet, découvert en 2010, illustre parfaitement la sophistication que peuvent atteindre ces menaces, ayant été conçu spécifiquement pour cibler les systèmes de contrôle industriels.
Chevaux de Troie et portes dérobées
Les chevaux de Troie (trojans) se déguisent en programmes légitimes pour tromper les utilisateurs et les inciter à les installer volontairement. Une fois activés, ils peuvent voler des informations sensibles, installer d'autres logiciels malveillants ou créer des portes dérobées (backdoors) permettant aux attaquants d'accéder à distance au système compromis.
Les portes dérobées constituent des points d'accès secrets créés intentionnellement dans un système pour contourner les mécanismes de sécurité normaux. Elles peuvent être installées par des logiciels malveillants ou même intégrées par des développeurs peu scrupuleux. Ces accès clandestins permettent aux cybercriminels de maintenir une présence persistante dans les systèmes ciblés, même après la découverte et la suppression du vecteur d'infection initial.
Rançongiciels (ransomwares)
Les rançongiciels représentent aujourd'hui l'une des menaces les plus redoutées par les organisations. Ces logiciels malveillants chiffrent les données de la victime, les rendant inaccessibles, puis exigent le paiement d'une rançon en échange de la clé de déchiffrement.
L'évolution de ces attaques vers le modèle de "double extorsion" aggrave encore la situation : les attaquants volent les données avant de les chiffrer, menaçant de les publier en cas de non-paiement.
L'impact économique des rançongiciels est considérable, avec des coûts moyens de récupération dépassant souvent plusieurs millions d'euros pour les grandes organisations.
Au-delà de l'aspect financier, ces attaques peuvent paralyser des services essentiels, comme l'a démontré l'attaque contre l'hôpital de Düsseldorf en 2020, qui a entraîné le décès d'une patiente faute d'accès aux systèmes médicaux.
Attaques sur les réseaux et protocoles
Attaques par déni de service (DDoS)
Les attaques par déni de service distribué visent à rendre un service indisponible en saturant ses ressources avec un trafic malveillant massif. Ces attaques mobilisent souvent des réseaux de machines compromises (botnets) pour générer un volume de requêtes dépassant la capacité de traitement du serveur cible.
L'évolution des attaques DDoS vers des techniques plus sophistiquées, comme les attaques par amplification DNS ou les attaques applicatives ciblant des fonctionnalités spécifiques, rend leur mitigation plus complexe. Certaines attaques récentes ont atteint des débits de plusieurs téraoctets par seconde, illustrant la puissance destructrice de ces menaces.
Attaques de l'homme du milieu (Man-in-the-Middle)
Ces attaques permettent aux cybercriminels d'intercepter et potentiellement modifier les communications entre deux parties sans que celles-ci s'en aperçoivent. L'attaquant se positionne secrètement entre l'expéditeur et le destinataire, pouvant ainsi espionner, voler des informations sensibles ou injecter du contenu malveillant.
Les points d'accès Wi-Fi non sécurisés constituent un vecteur privilégié pour ce type d'attaque. Les cybercriminels créent de faux points d'accès ou compromettent des réseaux légitimes pour intercepter le trafic des utilisateurs connectés. Les protocoles de communication non chiffrés sont particulièrement vulnérables à ces interceptions.
Empoisonnement de cache DNS
Cette technique sophistiquée consiste à corrompre les serveurs DNS pour rediriger le trafic vers des serveurs malveillants contrôlés par les attaquants. Lorsqu'un utilisateur tente d'accéder à un site légitime, il est automatiquement redirigé vers une version malveillante conçue pour voler ses informations d'identification ou installer des logiciels malveillants.
L'empoisonnement DNS peut affecter des milliers d'utilisateurs simultanément et reste difficile à détecter, car la redirection s'effectue de manière transparente. Cette technique est souvent utilisée pour créer des versions malveillantes de sites bancaires ou de plateformes de commerce électronique.
Attaques par ingénierie sociale
Hameçonnage (phishing) et ses variantes
Le hameçonnage reste l'une des techniques d'attaque les plus répandues et efficaces. Il consiste à usurper l'identité d'une entité de confiance (banque, service en ligne, collègue) pour inciter la victime à révéler des informations sensibles ou à effectuer des actions compromettantes.
Le spear phishing représente une forme ciblée d'hameçonnage où les attaquants personnalisent leurs messages en fonction de la victime spécifique, augmentant considérablement le taux de réussite. Ces attaques s'appuient sur des informations collectées via les réseaux sociaux ou des fuites de données pour créer des messages particulièrement crédibles.
Le whaling cible spécifiquement les dirigeants et cadres supérieurs d'organisations, exploitant leur position pour obtenir des informations particulièrement sensibles ou déclencher des transferts financiers frauduleux. Ces attaques sophistiquées peuvent causer des dommages financiers considérables aux entreprises ciblées.
Usurpation d'identité et fraude au président
La fraude au président (CEO fraud) exploite la hiérarchie organisationnelle en se faisant passer pour un dirigeant de l'entreprise pour demander des transferts financiers urgents ou des informations confidentielles. Ces attaques exploitent la pression hiérarchique et l'urgence supposée pour contourner les procédures de sécurité habituelles.
L'usurpation d'identité numérique va au-delà de la simple imitation dans les communications électroniques. Elle peut inclure la création de faux profils sur les réseaux sociaux, l'utilisation frauduleuse d'informations personnelles volées ou la manipulation de documents d'identité numériques.
Manipulation psychologique et pretexting
Le pretexting consiste à créer un scénario fictif pour gagner la confiance de la victime et l'amener à divulguer des informations ou à effectuer des actions compromettantes. Ces techniques exploitent des principes psychologiques comme l'autorité, la réciprocité ou l'urgence pour contourner la méfiance naturelle des individus.
Les attaques par manipulation psychologique peuvent s'étendre sur plusieurs semaines ou mois, les attaquants construisant progressivement une relation de confiance avec leurs victimes avant de révéler leurs véritables intentions.
Cette approche à long terme rend ces attaques particulièrement difficiles à détecter et à prévenir.
Attaques sur les applications web
Injection SQL et failles de sécurité
L'injection SQL exploite les vulnérabilités dans les applications web qui interagissent avec des bases de données. En injectant du code SQL malveillant dans les champs de saisie, les attaquants peuvent accéder, modifier ou supprimer des données sensibles stockées dans la base de données.
Cette technique peut permettre de contourner les mécanismes d'authentification, d'extraire des informations clients ou même de prendre le contrôle total du serveur de base de données. Malgré l'existence de bonnes pratiques de développement pour prévenir ces vulnérabilités, l'injection SQL reste l'une des failles les plus couramment exploitées.
Cross-Site Scripting (XSS)
Les attaques XSS permettent d'injecter du code JavaScript malveillant dans des pages web légitimes. Ce code s'exécute ensuite dans le navigateur des visiteurs, permettant aux attaquants de voler des cookies de session, de rediriger vers des sites malveillants ou d'installer des logiciels malveillants.
Il existe plusieurs types d'attaques XSS : les attaques stockées (où le code malveillant est sauvegardé sur le serveur), les attaques réfléchies (où le code est immédiatement renvoyé au navigateur) et les attaques basées sur le DOM (qui exploitent la manipulation côté client). Chaque variante nécessite des stratégies de défense spécifiques.
Attaques par inclusion de fichiers
Ces vulnérabilités permettent aux attaquants d'inclure et d'exécuter des fichiers arbitraires sur le serveur web cible. Les attaques par inclusion de fichiers locaux (LFI) exploitent les fichiers déjà présents sur le serveur, tandis que les attaques par inclusion de fichiers distants (RFI) peuvent charger et exécuter du code malveillant depuis des serveurs externes.
Ces failles peuvent conduire à l'exécution de code arbitraire, à la lecture de fichiers sensibles du système ou à l'escalade de privilèges, permettant aux attaquants de prendre le contrôle total du serveur compromis.
Attaques avancées et persistantes (APT)
Les APT (Advanced Persistent Threats) représentent des campagnes d'attaque sophistiquées, généralement menées par des groupes organisés disposant de ressources importantes. Ces attaques se caractérisent par leur discrétion, leur persistance et leur capacité à évoluer pour contourner les défenses mises en place.
Contrairement aux attaques opportunistes, les APT ciblent des organisations spécifiques pour des objectifs précis : espionnage industriel, vol de propriété intellectuelle, sabotage ou collecte de renseignements. Ces campagnes peuvent s'étendre sur plusieurs mois ou années, les attaquants maintenant un accès discret aux systèmes compromis.
Techniques d'évasion et de persistance
Les groupes APT développent des techniques sophistiquées pour éviter la détection par les systèmes de sécurité traditionnels. Ils utilisent des outils légitimes détournés de leur usage normal (living off the land), du chiffrement pour masquer leurs communications ou des techniques de fileless malware qui ne laissent pas de traces sur le disque dur.
La persistance constitue un objectif majeur de ces attaques. Les attaquants installent multiple backdoors, modifient les configurations système et créent des comptes utilisateurs cachés pour maintenir leur accès même après la découverte et la suppression de leurs outils initiaux.
Quelles sont les menaces émergentes ?
- Attaques contre l'IoT et les objets connectés : l'explosion du nombre d'objets connectés crée de nouvelles surfaces d'attaque souvent mal sécurisées. Les dispositifs IoT souffrent fréquemment de vulnérabilités comme des mots de passe par défaut non modifiés, des mécanismes de mise à jour défaillants ou des protocoles de communication non chiffrés. Ces vulnérabilités permettent aux attaquants de créer des botnets massifs composés de millions d'objets connectés compromis.
- Intelligence artificielle et deepfakes : l'utilisation malveillante de l'intelligence artificielle ouvre de nouvelles perspectives aux cybercriminels. Les deepfakes permettent de créer des contenus audio et vidéo hyper-réalistes pour tromper les victimes ou manipuler l'opinion publique. Ces technologies peuvent être utilisées pour des campagnes de désinformation ou des fraudes sophistiquées. L'IA peut également être utilisée pour automatiser et optimiser les attaques traditionnelles. Des algorithmes d'apprentissage automatique peuvent améliorer la personnalisation des emails de phishing, identifier automatiquement les vulnérabilités dans les systèmes cibles ou adapter les techniques d'attaque en temps réel pour contourner les défenses.
- Attaques contre les infrastructures cloud : la migration massive vers le cloud computing crée de nouveaux défis sécuritaires. Les erreurs de configuration des services cloud exposent régulièrement des données sensibles. Les attaquants exploitent également les identités et accès mal gérés pour compromettre les environnements cloud.Les attaques par rebond (cloud hopping) permettent aux cybercriminels de se déplacer latéralement entre différents services cloud d'une même organisation ou d'exploiter les connexions entre clients d'un même fournisseur cloud pour étendre leur compromission.
Comment se protéger des cyber-attaques ?
Approche multicouche de la sécurité
Face à la diversité des cyberattaques, une stratégie de défense en profondeur s'impose. Cette approche combine plusieurs barrières de sécurité : pare-feu, antivirus, systèmes de détection d'intrusion, chiffrement et authentification multifacteur. Cette redondance garantit qu'une faille dans une couche ne compromette pas l'ensemble du système.
Formation et sensibilisation
L'élément humain reste souvent le maillon faible de la sécurité. Des programmes de sensibilisation réguliers, incluant des simulations d'attaques de phishing, permettent aux utilisateurs de reconnaître et signaler les menaces. Chaque collaborateur doit comprendre son rôle dans la protection collective de l'organisation.
Ce qu’il faut retenir
L'évolution constante du paysage des menaces, marquée par l'émergence de nouvelles techniques d'attaque et l'adaptation des menaces existantes, exige une vigilance permanente et une adaptation continue des mesures de protection.
Face à cette diversité de menaces, aucune organisation ne peut se considérer à l'abri. La question n'est plus de savoir si une organisation sera ciblée, mais quand et comment elle le sera. Cette réalité impose de développer des capacités non seulement de prévention et de détection, mais aussi de réponse et de récupération après incident.
L'investissement dans la cybersécurité doit être perçu non comme un coût, mais comme un impératif stratégique garantissant la continuité d'activité et la protection des actifs informationnels. Dans un monde de plus en plus numérisé, la sécurité informatique devient indissociable de la sécurité globale de l'organisation et de sa capacité à opérer dans l'environnement digital contemporain.